PSG : ne cherchez pas docteur, c’est la tête !
Paroles d'expert
2 mai 2019
Du cas de Ben Arfa, placardisé au PSG et vainqueur de la coupe de France avec son nouveau club précisément contre les stars parisiennes, on a beaucoup glosé. Mais qui connaît à Paris le nom du président du Stade Rennais ? À coup sûr, la direction du PSG. Il se nomme Olivier Létang. Et figurez-vous qu’il fût lui aussi placardisé au PSG, directeur adjoint de personne se moquait on en coulisse, jusqu’au moment de rejoindre la capitale bretonne en novembre 2017. On y parlait alors de relégation. C’était il y a peu. Mais sous sa présidence, les Bretons ont triomphé du PSG. Avec Ben Arfa et Olivier Létang donc.
Au PSG, on a tout changé, les joueurs, les entraîneurs, les directeurs, sportifs ou autres, la pelouse, le jardinier (Jonathan Calderwood)… on a tout changé, mais sans obtenir aucun des résultats européens ambitionnés. On a tout changé… tout sauf la direction.
Alors, forcément, les diagnostics convergent. On rappelle l’adage d’Érasme, un poisson pourrit par la tête.
Nous ne sommes pas en position d’évaluer la direction du PSG et Hatem Ben Arfa n’est pas un prince de la rhétorique. Écoutons-le malgré tout. Nous en apprendrons peut-être quelque chose.
« Il faut toujours respecter l’humain. Quand on ne le respecte pas, à un moment donné, tu le paies… Et je pense qu’Adrien Rabiot va revenir un jour avec une équipe et va leur faire mal. Parce que c’est la vie. Quand tu donnes le mauvais, tu reçois le mauvais ».
Ben Arfa semble croire à une forme de justice immanente. Chacun jugera.
Une chose est avérée. Avec les cas Ben Arfa, Rabiot ou Nkunku, les conflits se multiplient au PSG. Un gâchis selon certains, sportif quelquefois, financier régulièrement, humain toujours. La mère d’Adrien Rabiot donne à entendre sa révolte dans le journal L’Équipe. « On lui retire celle-ci (une prime… d’éthique !) au prétexte qu’il n’est pas allé en stage au Qatar. Mais sa grand-mère venait de décéder et son père était mourant (il est effectivement décédé le 25 janvier)… On tombe là dans l’abject ».
Justice immanente ou non, il y a des mécanismes auxquels nul dirigeant ne peut se soustraire.
Une équipe est un édifice fragile. Il devient vulnérable dès que la confiance est lézardée.
Le crédit d’un manager n’est pas immuable. Chacun augure de ses conduites futures, de sa fiabilité, à partir de ses comportements présents.
Quand un dirigeant traite de façon indigne et répétée certains de ses joueurs, nombreux sont les autres joueurs à se dire que leur tour pourrait venir un jour. Ils savent désormais ce dont leur manager est capable. Ce qui les menace.
Et on voudrait qu’ils soient dévoués, qu’ils mouillent le maillot… Qu’ils soient attachés à leur club, à leur entreprise, à leur dirigeant… Dans la France de 2019, 23 % des cadres disent éprouver de l’indifférence pour leur employeur ! Quand 28 % éprouvaient de l’attachement dix ans plus tôt (Comment les cadres ont évolué en 10 ans) !
Autre chose.
Un management “inquiétant” génère de l’individualisme, du chacun pour soi, pas un jeu d’équipe. Quand chacun peut craindre pour sa peau ou pour son avenir personnel, quand l’arbitraire menace, une équipe en vient toujours perd son âme.
Comme au PSG ?