Départ à la retraite d’un cadre : problèmes et opportunités – par Damien Leblond

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30 septembre 2019

Le nombre de projets de recrutements de cadres continue d’augmenter. Une des raisons : les bataillons conquérants du baby-boom se dispersent. C’est l’heure de la retraite. Des postes se libèrent. Pour une entreprise, pallier le départ d’un cadre qui a marqué son histoire est un tournant.

Personne n’est irremplaçable, répète-t-on, personne ! C’est un point de vue. On pourrait aussi dire l’inverse : puisque chacun est unique, chacun est irremplaçable. Nul ne fera plus les choses exactement comme lui, dans le même esprit. 

Un ancien part à la retraite. La question n’est pas de le remplacer, ce serait mission impossible, mais de lui trouver un successeur.

Le départ à la retraite d’un cadre expérimenté dans l’entreprise implique obligatoirement des changements.

Des changements dont on peut décider, qu’on peut penser : ils constitueront l’armature du profil recherché.

Définir le profil du successeur de l’heureux retraité, c’est identifier ce qu’on veut préserver des pratiques en place et en quoi on veut avancer, évoluer, changer…

En Afrique, un vieillard qui meurt, c’est une bibliothèque qui brûle

Votre entreprise, ce n’est pas l’Afrique ! Il y a des écrits, des procédures. Mais parallèlement, toutefois, aussi une riche culture orale.

Chacun de vos collaborateurs, et surtout les anciens, détient des savoir-faire particuliers, une expérience propre. Ils ne sont pas tous partagés.

Je pense à cet acheteur proche de la retraite. Il avait tout dans la tête, mais seulement dans sa tête : les délais de livraison de chaque fournisseur, le niveau de fiabilité de chacun, les coordonnées des personnes utiles à contacter en cas de problèmes et qui ne figuraient pas forcément dans les organigrammes, les entreprises capables de dépanner en urgence pour éviter une rupture de stock, l’état des négociations en cours, les points de vigilance pour chaque type de livraison… Autant de précieux savoirs perdus pour son successeur… une bibliothèque qui brûle…

Conscient des risques, l’employeur de cet acheteur taciturne anticipa judicieusement son départ. Il l’a flanqué pendant trois mois d’un stagiaire. La mission de ce dernier : ne pas lâcher le futur retraité et noter tout ce qu’il faisait, comment il le faisait, pourquoi il le faisait, les questions qu’il se posait, ses doutes, ses certitudes… tout ! C’était une manière d’audit douce – sournoise, plus exhaustive qu’une démarche formelle. Flatté de l’intérêt manifesté par son jeune stagiaire, l’acheteur partant devint bavard. Il ne lui cachait rien de ses petits et grands secrets, de ses détours et de ses raccourcis, des trucs et astuces parfois à peu près inavouables. Une mine !

 

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