Journal confiné – Jour 30 : Qu’allons-nous devenir ?

Billets d'humeur

15 avril 2020

Par Stephane Chekroun – Associé chez Selescope
Mercredi 15 avril 2020

Le 11 mai ! Tous les Français ont cette date en tête… Sera-t-elle historique ? La fin d’une expérience inédite ? Le début d’une ère nouvelle ? Pour tout dirigeant d’entreprise cette date annonce la levée d’une incertitude. Elle sera le point d’appui pour programmer le plan de relance de l’activité.

M’est revenu à l’esprit la remarque d’un ami : « Je veux bien souffrir, je veux bien traverser des épreuves, j’accepte, mais à une condition : que je n’en sorte pas indemne ! Pas tel quel ! Mais définitivement enrichi, transformé… différent ! »

Certains parlent déjà de rattraper le temps perdu, de travailler plus, comme la France en reconstruction d’après-guerre, un pays dévasté.

Il y a aussi ceux qui brûlent de se refaire, tel un joueur compulsif. Doubler la mise. Redoubler d’efforts. Accélérer les cadences. Qu’on rattrape le temps perdu. Qu’on se rattrape. Remplacer l’urgence par une autre urgence. Celle de la croissance.

D’autres, comme après un accident, attendent des services de la voirie qu’ils en effacent toute trace. Que reprenne le cours normal des choses. Allez circulez. Dégagez la voie et que ça reparte. Les traumatismes sont solubles dans l’hyperactivité. Que reprenne le cours de nos affaires. De plus belle. Qu’on oublie ce vilain cauchemar.

Qu’on oublie quoi ? Notre vulnérabilité individuelle ou collective ? Celle de nos entreprises, de nos succès, de nos constructions ?

Qu’on oublie aussi ce qu’on a appris ou déterré ? Des trésors de générosité, de solidarité, ou simplement de patience, d’inventivité… Le séisme n’a pas affecté que les valeurs boursières, les nôtres aussi, collectives ou personnelles.

Rattraper le temps perdu… mais ce temps aura été perdu seulement si on l’oublie.

D’autres refusent que tout cela ait été vécu pour rien. Ils sont résolus. Leur vie doit en rester transformée. La marche du monde aussi. Ils nous répètent la leçon universelle de cette crise. Nous n’avons qu’une vie. Que voulons-nous en faire ?

Le 11 mai, le sens de l’engagement dans sa vie professionnelle prendra d’autres formes. Assurément.

On ne rattrape pas le temps perdu… Il l’aura été pour nos finances, un manque à gagner… Mais peut-être nous aura-t-il valu d’autres acquis…

À moins que les choses ne reprennent leur cours d’elles-mêmes. Qu’on en vienne à oublier nos doutes et nos questions, nos prises de conscience et nos résolutions. Par la force des habitudes, celle qui corrode la conscience et les bonnes résolutions…

Et qu’on emprisonne les sonneurs d’alarmes.

 

 

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